« La Religieuse », XVIII siècle

Huile sur toile, scène de genre.

Il s’agit probablement de Suzanne Simonin, la narratrice du roman-mémoires de Denis Diderot « La Religieuse ». Le roman a été commencé en 1760 à partir d’une mystification. Le texte se fait diffuser en feuilleton entre 1880 et 1882 et paraît sous forme imprimé de manière posthume en 1796. La jeune fille de 16 ans est enfermée contre son gré dans plusieurs couvents, car elle est une fille adultérine et ne peut pas prétendre à une dot pour se marier, comme ses sœurs légitimes.
La Religieuse est une ode à la liberté de choisir son destin.

La scène présentée : « C’était le père Séraphin, directeur de ma mère ; il avait été aussi le mien ; ainsi il n’eut pas d’embarras à m’expliquer le motif de sa visite : il s’agissait de m’engager à prendre l’habit. Je me récriai sur cette étrange proposition ; et je lui déclarai nettement que je ne me sentais aucun goût pour l’état religieux. « Tant pis, me dit-il, car vos parents se sont dépouillés pour vos sœurs, et je ne vois plus ce qu’ils pourraient pour vous dans la situation étroite où ils se sont réduits. Réfléchissez-y, mademoiselle ; il faut ou entrer pour toujours dans cette maison, ou s’en aller dans quelque couvent de province où l’on vous recevra pour une modique pension, et d’où vous ne sortirez qu’à la mort de vos parents, qui peut se faire attendre encore longtemps… » Je me plaignis avec amertume, et je versai un torrent de larmes ».

Au XVIIIème siècle, les princes et les rois affirment leur pouvoir souverains et cherchent à s’immiscer dans les affaires internes des monastères ainsi que dans la sphère familiale. La famille étant la cellule de base de la société, la volonté du roi d’assurer l’ordre domestique est un moyen d’asseoir sa souveraineté et de veiller au maintien de l’ordre public. Lorsque les enfants refusent de se conformer aux décisions paternelles en matière de mariage et de carrière, le « repos des familles » et la paix publique sont censés être menacés. Pour permettre aux parents d’exercer un droit coercitif sur leurs enfants, les recours aux ordres du roi permettant d’emprisonner ou d’enfermer les enfants désobéissants se multiplient au cours du XVIII siècle. C’est pour cette raison que nous voyons la lettre de cachet entre les mains du personnage masculin (aussi appelée lettre close ou lettre fermée) qui est, sous l’Ancien Régime en France une lettre servant à la transmission d’un ordre particulier du roi, permettant par exemple l’incarcération sans jugement, l’exil ou encore l’internement de personnes jugées indésirables par le pouvoir. Les lettres de cachet, dont l’expression remonte au XVI siècle, mais dont l’origine est plus lointaine sont des lettres qui portent la signature du roi (même si elles ne sont pas de sa main) et celle d’un secrétaire d’État, et qui sont closes par le sceau parce qu’elles ne doivent être lues que par le destinataire.

Rentoilé, cadre en bois sculpté et doré.

XVIII siècle,
école italienne, entourage de Giuseppe Bonito.

Hauteur sans cadre: 70 cm, avec cadre: 100 cm.

Largeur sans cadre: 100 cm, avec cadre: 130 cm.

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